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31 août 2010 2 31 /08 /août /2010 15:22

 

Luçon, petite ville célèbre par un de ses évêques, qui qualifiait son évêché du bas-Poitou de crotté, compte deux collèges publics, dont l’un est une ancienne école primaire supérieure de jeunes filles, le collège Beaussire.

J’y ai sévi, comme chef d’établissement, pendant sept ans. Et j’y ai appris que les promesses n’engagent pas que ceux qui les reçoivent… mais à long terme.


Sens unique

Ainsi, à peine arrivé, j’avais observé qu’une rue bordant ce collège – la rue du 1er Dragons – assez étroite, avait un stationnement anarchique sur les trottoirs. Sauf à faire un gymkhana compliqué, et encore, les élèves devaient marcher sur la rue. Rendez-vous pris avec le 1er adjoint de la commune pour suggérer la mise en sens unique permettant un stationnement sur la chaussée et non les trottoirs. Pas de problème, c’était comme si c’était fait, me répondit l’affable adjoint.

1erdragons

Ce n’est que 13 ans plus tard qu’un sens unique a été instauré, à cause des travaux dans mon ex-collège. Et j’ai tout lieu de craindre que, travaux finis, le sens unique soit bêtement supprimé !


Salle de sports


Ce collège de centre ville avait une salle de gymnastique qui datait du temps de l’école primaire supérieure. Les jeunes filles ne devaient pratiquer qu’une sorte d’hébertisme, vu la disposition et la taille de la salle. On y avait accolé une verrue rectangulaire (parpaings+charpente métallique+toit) : de quoi loger un terrain de volley-ball.

Bien avant mon arrivée, la demande d’une salle de sports digne de ce nom était un sujet récurrent du conseil d’administration. Là encore, promesses renouvelées d’année en année. La municipalité ne pensait qu’à cela. Il fallait trouver un terrain proche. On fit vaguement miroiter la possibilité de récupérer un emplacement de la DDE à deux pas du collège. L’hypothèse avait-elle vraiment été abordée avec la DDE ? on ne le sut jamais. Puis, ça y était : un terrain, plus lointain, allait être acquis du côté de la voie de chemin de fer… Là encore, la représentante du Conseil Municipal, au conseil d’administration, fut incapable d’expliquer pourquoi ça ne se fit pas.

sallesportscommées

Quand je quittai le collège, le dossier n’avait, en fait, pas avancé d’un iota : les hypothèses avancées n’étaient que purs mensonges pour amuser la galerie. Ce n’est qu’en 2008, 12 ans après mon arrivée, que la première tranche d’une nouvelle salle des sports fut inaugurée.  A coté des courts de tennis couverts, sur une terrain éloigné du collège. Les classes ne peuvent s’y rendre à pied, à la différence des autres établissements secondaires de la ville. La deuxième tranche annoncée est toujours dans les limbes.


« Vos courriers inouïs »


L’année qui suivit mon départ de Beaussire, mon successeur s’entendit dire par un élève de 5e un peu culotté, devant la façade réhabilitée du bâtiment dit pédagogique : « Avec vous, Monsieur, c’est pas comme avec M. Launay, le collège est bien plus beau ! » Eh oui ! en sept années, je n’avais vu se réaliser que la rénovation du préau et cette réhabilitation en cours de route.


Et pourtant, j’arrivais de Montaigu, où, en trois ans, après une rénovation du préau - ma spécialité donc – j’avais réussi à obtenir une rénovation complète.

Non sans âpres discussions : le service des collèges s’appuyait sur des textes techniques datant des années 70. Un collège pour le XXIe siècle ! avec ce slogan, je réussis à obtenir une oreille plus attentive du Président du conseil général, dont c’était le fief électoral. Je pus donc discuter directement avec son Directeur de cabinet, Jean-François D., d’une attention glaciale, accompagné d’un certain G. responsable de la direction qui chapeautait le service des collèges, à peine plus amène. Qu’importe, peu après, j’apprenais que mes arguments avaient été entendus. Bien sûr, il fallut plusieurs années – programmation, choix d’un architecte, appels d’offres puis réalisation, mais tout dans la foulée – avant d’aboutir à ce « collège du XXIe siècle », avec notamment, un magnifique CDI, au cœur du collège.


EBfacade1938Sûr de mon fait – mais heureusement je n’ai pas trop affiché cette certitude – après une première année scolaire où j’avais pu mesurer les nécessaires rénovations qui s’imposaient dans ce collège avec son bâtiment de 1938 au charme un peu suranné et celui des années 60 béton, d’une grande laideur, je m’apprêtais à repartir à l’assaut. La commission de sécurité avait obligé à un minimum de travaux dans un établissement qui comptait un internat (portes coupe-feux, détecteurs de fumée).


Mais l’isolation quasi inexistante, des surfaces de salles plus qu’abondantes mais absolument pas rationnelles (le CDI, par exemple, était un ancien dortoir, au-dessus des salles de classe) nécessitaient une véritable rénovation.


On allait voir, ce qu’on allait voir ! Je demandai audience pour présenter ma demande, pensant naïvement qu’après avoir pris en compte mes arguments à Montaigu, on voudrait bien les écouter pour Luçon. Que nenni, vil manant ! Pas de réponse. Ni rencontre, ni visite. Seule la tempête de 1999 qui arrachait tuiles et zinc obligea à des travaux.


Pauvre cloche que j’étais. Les services* court-circuités à Montaigu ne devaient faire aucun zèle pour prendre en considération le dossier. Ce n’était évidemment pas le fief du Vicomte, ni même d’un cacique local : le conseiller général était socialiste. D’ailleurs ce Sud-Vendée sentait encore le soufre. Républicaine pendant la révolution. Comme disait, B. Retailleau, à l’époque où il était encore en cour : «  La Vendée a pardonné, mais elle n'oublie pas son histoire ! »


Jusqu’au jour où, à l’occasion d’une réunion décentralisée du Conseil général, dans le tout neuf « Espace Plaisance » de Luçon, not’bon maitr ‘, Philippe de Villiers, du haut de la scène et de sa voix haut perchée, apprit à la plèbe massée à ses pieds que le collège Beaussire allait être rénové de fond en comble. Et peu après, un Directeur adjoint des services, un fonctionnaire donc, pas un politique, de m’interpeler avec morgue : « Vous voyez bien, ça ne servait à rien de nous envoyer vos courriers inouïs ! » « Ces courriers inouïs** n’auraient pas existé, si on avait eu la correction de répondre au premier ! ». Cette réponse n’en fit pas un ami.


Donc, 7 ans après mon arrivée seuls le préau et la réhabilitation des façades du bâtiment béton, étaient faits. L’étude du cahier des charges pour la rénovation interne n’était même pas lancée, à la rentrée 2003. Zorro s’était pris les pieds dans sa cape !


Le conseiller général MPF local (eh oui, le candidat PS avait mordu la poussière), Président de la commission des actions culturelles au Conseil général annonçait, cependant, à cette même rentrée 2003, un collège Beaussire rénové en 2008.

Puis, à la rentrée 2008, le même de déclarer : « À Luçon, le collège Émile Beaussire sera […] entièrement rénové.
L’objectif est de répondre à l’accueil de 500 élèves, contre 369 actuellement.
Toute la cour d’honneur sera réaménagée et les façades rénovées à l’identique (peinture de teinte ocre, toiture en tuiles plates). Tous les locaux pour les élèves, les enseignants, l’administration et la maintenance seront restructurés.
Cette modernisation sera respectueuse de l’environnement : une pompe à chaleur couvrira 15% des besoins en chauffage de l’établissement. Les consommations d’électricité seront limitées par une gestion centralisée avec éclairages fluorescents, lampes basses consommations, détecteurs de présence… La fin des travaux est prévue pour juillet 2010.
 »


Cette fois, c'est la bonne : il y a encore des finitions en cours, mais pour l’accueil des élèves, c’est prêt !

 

Beaussire-OF


Tout est bien qui finit bien ! mais faut pas être pressé


Qu’est-ce qu’il a, le principal honoraire aigri, à ronchonner dans son coin ? dira le directeur adjoint des courriers inouïs.


Quant au Vicomte Le Jolis de Villiers de Saintignon, il ne daignera même pas se pencher sur ce rappel de quelques faits lointains et subalternes… quoique… il lui arrive parfois de se lancer dans des diatribes violentes !


Soyons clair. Sur quelques points précis, si j’avais été là au moment de l’élaboration du projet, j’aurais fait des contre-propositions. Mais, cette rénovation, comme celle de Montaigu, est une réussite. J’aurais d’autant plus scrupule à faire la fine bouche qu’après tout je suis quand même à l’origine (très lointaine) de cette réalisation. Et que, comme à Montaigu, elle a dépassé mes rêves.


Mais les fausses promesses des élus Luçonnais, comme le refus de responsables départementaux, pendant plusieurs années, de recevoir un chef d’établissement public, et même de lui répondre, sont révélateurs de méthodes cyniques et du mépris dans lequel est tenu le bas peuple !

 


 

* J’eus toutefois une petite satisfaction en les faisant plier sur une question de principe. Une forte odeur d’œufs pourris m’avait alerté. Vérification faite, c’était bien une fuite de gaz qui touchait l’alimentation des salles de sciences. De petits appareils électriques pouvaient suppléer les becs bunsen. Le plus simple était donc de couper définitivement le gaz et d’équiper les sciences de ce matériel chauffe éprouvette. Le technicien du Conseil général, tout gêné, vint me dire que l’achat n’était pas du ressort du département. Puisqu’il en était ainsi, j’exigeai qu’on rétablisse le gaz pour nos antiques mais robustes becs. Calcul vite fait. Les petits bidules électriques furent octroyés. Et même, pour des raisons de sécurité, furent livrés à tous les collèges de Vendée : plus de gaz dans les salles de cours.

Depuis, d’ailleurs, les collectivités territoriales dépassent leurs strictes obligations : ainsi des conseils régionaux prennent en charge tout ou partie des manuels…

 

** "Courriers inouïs" qui consistaient en une demande d'entretien dont l'objet était, bien sûr, indiqué et qui, d'envoi en envoi, se chargeaient de références aux courriers précédents restés sans réponse.

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commentaires

O
<br /> great post thank you<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Ah écriture, quand tu nous tiens ! J'espère au moins que toi tu avais le soutien de ta hiérarchie !<br /> <br /> <br />
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