
Rassurez-vous, je ne vous raconterai pas "mon" Mai 68 : je n'y étais pas. VSNA (Volontaire du Service National Actif, autrement dit coupant au Service Militaire comme coopérant), je n'ai eu d'échos que dans les nuits où les grandes ondes françaises arrivaient jusqu'à notre transistor à Azrou et que nous écoutions Europe 1 (il me semble qu'un certain Etienne Mougeotte était au cœur de l'événement à cette époque : il a beaucoup évolué depuis).
Non un petit et arbitraire montage d'affiches de Mai et Juin 68, sélectionnées sur un site qui n'en compte pas moins de 280 (http://achard.info/mai/#).
Des dizaines d'artistes ont anonymement conçu ces affiches (environ 500) reproduites en sérigraphies.
Certaines gardent leur actualité. Certes, nous ne sommes plus au temps d'une ORTF qui, comme le rappelait Joffrin, était proche de la radio-télévision soviétique de l'époque. Mais par patrons interposés - copains de Sarko - la droite garde la main mise sur une large part de l'audio-visuel et de la presse écrite.
« Travailleurs, Français-Immigrés Unis », « Non aux expulsions », « Nous sommes tous indésirables » : on comprend que notre Ouf 1er et son valet Hortefeux veuillent liquider Mai 68. Que dire de ce « Halte au chômage » à l'époque pourtant bien modeste par rapport à aujourd'hui ? Plus de CDR ni de barbouzes, mais la répression policière massive et inefficace reste souvent la seule réponse (celle que privilégie l'ex-ministre de l'intérieur qui a démantelé la police de proximité que l'on s'efforce de reconstruire maintenant).
« Sois jeune et tais-toi », surtout si tu es un jeune d'origine allochtone - comme ils disent, les xénophobes honteux - fût-ce de la 3e génération, voire de la xe génération après l'abolition de l'esclavage ! L'affiche sur la hausse des prix est juste à actualiser. Quant aux « conquêtes noyées » (il suffit d'entendre Fillon répéter bêtement qu'il faut faire sauter le « carcan des 35 heures ») et aux profits qui montent : c'est la description exacte de la politique actuelle.
Dans le lot, des scories, bien sûr : De Gaulle comparé à Salazar et Franco, les centrales syndicales vouées aux gémonies, le célèbre « Elections piège à cons » qui trouve encore des échos dans les franges de l'ultra-gauche...
Mais reste cette révolte joyeuse symbolisée bien sûr par Dany Cohn-Bendit !
Pour en savoir plus : "Exposition ; dans l'atelier des affichistes révolutionnaires de Mai 68" Le Monde daté du 08/05/08
Pour le son cliquer sur l'icône haut-parleur
commenter cet article …