Madame Tribalat, éminente démographe, dans un entretien avec « Riposte (pseudo) laïque » déclare : “Dans ce livre [« La République et l’Islam, entre crainte et aveuglement »], nous voulions montrer les dangers de l’islamisme, montrer qu’il ne tombait pas soudainement du ciel, si l’on peut dire, que sa légitimité plongeait dans les textes sacrés et qu’il avait donc bien un rapport avec l’islam qu’il ne fallait pas éluder. ” Autrement dit – et c’est ce que dit crûment riposte raciste – le Coran, donc la religion musulmane, est incompatible avec la laïcité (telle que ces prétendus laïques la définissent). Mais nos identitaires, dont la souche plonge profondément ses racines dans l’humus judéo-chrétien, ont-ils jamais lu la Torah ou l’Ancien testament, textes sacrés pour le judaïsme et le christianisme, au(x)quel(s) Mohammed, le prophète, se réfère explicitement.
Ne mentionnons qu’au passage cette intéressante considération fruitière : « Quand vous serez entrés dans le pays, et que vous y aurez planté toutes sortes d’arbres fruitiers, vous en regarderez les fruits comme incirconcis ; pendant trois ans, ils seront pour vous incirconcis ; on n’en mangera point.» (Lévitique 19-23). De la circoncision des fruits ! Il est vrai qu’on châtre le maïs…
Assez mystérieuse est aussi cette obligation : « Vous ne couperez point en rond les coins de votre chevelure, et tu ne raseras point les coins de ta barbe. » (19-27) (rappelons au passage que les juives fondamentalistes ne cachent pas leur chevelure sous un voile, mais sous une perruque).
Que disent les féministes de cette estimation : « Lorsqu’on fera des vœux, s’il s’agit de personnes, elles seront à l’Éternel d’après ton estimation.
Si tu as à faire l’estimation d’un mâle de vingt à soixante ans, ton estimation sera de cinquante sicles d’argent, selon le sicle du sanctuaire ;
si c’est une femme, ton estimation sera de trente sicles. » (Lévitique 27-2 à 4) Un femme vaut, selon les commandements que l’Éternel donna à Moïse pour les enfants d’Israël, sur la montagne de Sinaï, 3/5e d’un homme…
La police sexuelle est intransigeante : « Si un homme commet un adultère avec une femme mariée, s’il commet un adultère avec la femme de son prochain, l’homme et la femme adultères seront punis de mort. » (20-10)
Mais, avec la petite bonne – pardon la petite esclave – du voisin, c’est beaucoup moins sévère : « Lorsqu’un homme couchera et aura commerce avec une femme, si c’est une esclave fiancée à un autre homme, et qui n’a pas été rachetée ou affranchie, ils seront châtiés, mais non punis de mort, parce qu’elle n’a pas été affranchie. » (Lévitique 19-20)
En revanche pas de pitié pour les invertis : « Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux. » (20-13) Comme quoi, les mollahs n’ont rien inventé.
La chasse aux sorciers et sorcières trouve aussi ses racines dans les textes sacrés, comme dit Mme Tribalat : « Si un homme ou une femme ont en eux l’esprit d’un mort ou un esprit de divination, ils seront punis de mort ; on les lapidera : leur sang retombera sur eux. » (20-27)
Le dieu de la Bible n’est pas très clément pour les handicapés : « Tout homme de ta race et parmi tes descendants, qui aura un défaut corporel, ne s’approchera point pour offrir l’aliment de son Dieu.
Tout homme qui aura un défaut corporel ne pourra s’approcher : un homme aveugle, boiteux, ayant le nez camus ou un membre allongé ;
un homme ayant une fracture au pied ou à la main ;
un homme bossu ou grêle, ayant une tache à l’œil, la gale, une dartre, ou les testicules écrasés. » (21-17 à 20) Les testicules écrasés sont un peu une obsession divine car les animaux qu’on lui sacrifie ne doivent pas avoir les valseuses en capilotade.
Quant aux horribles blasphémateurs, leur sort est arrêté : « Celui qui blasphémera le nom de l’Éternel sera puni de mort : toute l’assemblée le lapidera. Qu’il soit étranger ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le nom de Dieu. » (24-16) Et là, on sait qu’en Avignon, par exemple, nos archevêque et prêtres très chrétiens et leurs croisés auraient bien lapidé l’horrible Andres Serrano (qui pourtant se réclame du catholicisme).
Mais même le plus borné des prédicateurs d’une secte chrétienne fondamentaliste – vous savez ceux qui rejettent toute théorie de l’évolution et prennent la genèse au pied de la lettre – n’osera afficher qu’il se réfère au Lévitique 25-44 à 46 (« C’est des nations qui vous entourent que tu prendras ton esclave et ta servante qui t’appartiendront, c’est d’elles que vous achèterez l’esclave et la servante.
Vous pourrez aussi en acheter des enfants des étrangers qui demeureront chez toi, et de leurs familles qu’ils engendreront dans votre pays ; et ils seront votre propriété.
Vous les laisserez en héritage à vos enfants après vous, comme une propriété ; vous les garderez comme esclaves à perpétuité. ») quand il esclavagise une petite Philippine pour lui servir de bonne à tout faire !
Faut-il rappeler à Mme Tribalat et à la clique des souchiais que le mythe du sacrifice d’Abraham – que l’on retrouve dans les trois religions du livre et qui se traduit par des fêtes de l’agneau ou du mouton, où ni l’agneau ni le mouton ne sont à la fête – pris au pied de la lettre, ne raconte qu’une horrible tentative d’infanticide ?
La grande majorité des adeptes des religions du Livre, les juifs, les chrétiens, les musulmans, font la part des choses et ne prennent ces préceptes pour parole d’évangile, si j’ose dire. Seuls les plus bornés d’entre eux les prennent au pied de la lettre. Le problème, pour l’Islam, c’est que ces fondamentalistes ont le pouvoir en Iran ou en Arabie Saoudite. Mais ils sont bien implantés en Israël. Et les fameuses « Tea parties » états-uniennes ou les commandos intégristes ici ou là montrent que l’obscurantisme est toujours tenté de vouloir imposer sa loi !
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