Remix
Un mot d’explication : l’été 2004 le journal Ouest-France proposait un concours de ce qu’il appelait « remix » : un texte (très court) d’un auteur était proposé à réécrire en se limitant à quatre feuillets (6000 signes espaces compris) ; hors concours – pour sa taille – le texte qui suit est donc un « remix » de "La foi du meurtrier" de Yann Queffélec (Remix #2 Hachette Littératures 2004).
M-C d T
INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS
Mélange d’angoisse et d’euphorie, cinq ans après je revis cette sublime et fatale nuit.
Réflexes acquis après ces années d’exil africain : j’ai laissé glisser la voiture, tous phares éteints, jusqu’à l’entrée du garage, puis ouvert la porte de la villa -comme disaient mes parents qui me l’ont léguée, seul bien qui a survécu au naufrage – en m’effaçant immédiatement. Seule l’odeur un peu fétide d’une maison mal aérée m’a sauté au visage. Mais le souvenir était là, plus qu’un souvenir : des images se bousculaient dans mon cerveau.
Tout avait bien commencé cet été là. Certes mon épouse qui, tout le long de l’année se plaignait de ne me voir que rarement - le côté romanesque qu’elle prêtait au métier de détective privé avait vite perdu de son aura face à la triviale réalité de planques nocturnes, de départs en province ou à l’étranger qui ne s’était que temporairement améliorée avec l’arrivée d’un associé – ne semblait pas se réjouir outre mesure de m’avoir quasiment à temps plein. Certes, je devais subir les assauts impudiques de Dora qui avait hâte de tester ses charmes adolescents sur quelqu’un de plus mûr que ses copains du surf.
Dora passait toutes ses vacances d’été chez deux tantes qui habitait un appartement dans une résidence « de standing » qui s’était construite un peu en dessous de la Villa, mettant fin à son isolement sur sa colline dominant les plages. Ma femme l’avait en quelque sorte adoptée.
Nous l’avions connue gamine quand nos nouvelles voisines, plus maquillées qu’une vieille anglaise, accueillaient juste la fille d’une sœur bien plus jeune, mère célibataire, comme on disait. Elle passait chez elles toutes les « grandes vacances ». Club Mickey d’abord, mais dès ses quatorze ans, elle devint en quelque sorte la mascotte des surfeurs qui venaient juste de coloniser la plage des pins. J’observais, de notre terrasse, les évolutions des surfeuses, dont je pouvais compter les gouttes d’eau qui perlaient sur leurs échines. Dora – dodo, comme on l’appelait – allergique à tout tissu ayant un demi gramme d’artificiel ne portait que des culottes « petit bateau », avec un t-shirt ou un « marcel » assorti qu’elle quittait vite dévoilant son buste aux charmes à peine bourgeonnant. Elle passait donc ses journées sur sa planche, sa petite culotte trempée faisant apparaître son fessier nerveux et sa vulve juvénile en toute impudicité. Elle s’initiait aussi précocement aux produits divers qui s’échangeaient entre surfeurs. Et cet été là, le buste adolescent s’ornait de petits seins pointus et le fessier musclé comme les lèvres charnues qui se dessinaient sous une culotte roulée jusqu’à la limite de la raie aimantaient mes jumelles marines. Et la gamine qui traînait chez nous presque tous les soirs multipliait les provocations sous l’œil indulgent de mon épouse. Épouse qui, cependant, multipliait, elle, les prétextes pour se refuser à moi. Je n’avais souvent comme recours que la « veuve poignet » !
Joindre l’agréable à l’utile, c’est rare dans la vie professionnelle.
Mon associé, resté à Paris, me transmit, contrairement à toutes nos règles, une affaire. Monsieur coincé en ville par son boulot, Madame avec les trois marmots dans notre capitale du surf, lesdits marmots au Club Mickey, Madame libre toute la journée : soupçons appuyés sur un compte en banque bien garni, impossible de refuser. Le plus difficile fut de faire admettre à ma légitime qu’il s’agissait bien de travail. Car le boulot lui-même fut d’une extrême simplicité. La charmante dame – un canon, à vrai dire, malgré ses trois grossesses, bien plus jeune que l’époux m’avait appris le dossier – posait donc ses charmants enfants au club. Elle sympathisa vite avec une autre mère, elle aussi seule, déposant ses deux enfants. Elles se rendaient ensuite sur une plage semi-naturiste (où « textiles » et nudistes se côtoyaient en bonne intelligence). J’anticipais leur arrivée, m’installais à une distance raisonnable de l’endroit qu’elles avaient élu dès le début. Mon bronzage intégral – la terrasse de la villa était abritée des regards – me fit passer pour un habitué. Élisabeth garda d’abord un maillot une pièce roulé au plus bas, Catherine, l’amie, elle, se dénuda immédiatement. Mais dès le lendemain, alors qu’elles se baignaient, Babeth fit glisser le maillot qu’elle fit tournoyer triomphalement au dessus de sa tête, puis, quand même rougissante vint le poser au bord, se dévoilant aux yeux de tous. Je ne perdais rien de leurs confidences que mon mini magnétophone enregistrait (ce n’est pas pour rien que mon associé, porté lui sur l’informatique, m’avait surnommé le « roi du gadget » : j’avais toute la panoplie du parfait espion). L’amie se plaignait d’un mari cadre surmené qui ne l’honorait plus que mécaniquement et rarement. L’épouse de mon client le décrivait comme un compliqué, lui offrant des dessous des plus indécents, des gadgets obscènes et la pressant de l’accompagner dans un club échangiste. L’enquête prenait un tour cocasse.
Il ne fallut pas longtemps pour que trois athlétiques gaillards, arrivés sur un léger catamaran, remarquent les deux jeunes mères. Les travaux d’approche furent vite couronnés de succès. Et dès le lendemain, ce ne fut pas l’épouse frustrée – Kathy – qui embarqua vers une crique accessible seulement par la mer, mais celle qui se disait scandalisée par les invites de l’époux. Je n’en fus pas autrement surpris. Je connaissais la petite plage, à portée de brasse. Tandis qu’un des trois jouait le chevalier servant auprès de l’amie, les deux autres embarquaient la jeune femme qui ne se scandalisa pas d’une ferme poussée sur ses fesses pour l’aider à grimper. Je laissais le voilier reprendre la mer avant de me glisser dans l’eau, avec mon attirail de chasseur d’images sous-marines (masque et tuba, palmes, appareil photo étanche). Filature inédite, ma foi des plus agréables. J’arrivais comme les deux garçons hissaient le bateau sur le sable, tandis que la jeune femme courrait, nue, vers le haut de la plage. Ils se lancèrent à sa poursuite et ne furent pas long à la rattraper, se plaquant à elle, devant et derrière. Sa bouche fut prise. Caché derrière un rocher, juste avant la plage, je n’avais plus qu’à photographier : il en aurait pour son argent mon cocu. Car son épouse se prêtait au jeu avec enthousiasme. Caressée, palpée, ses seins furent dévorés par deux bouches affamées. Puis ils se partagèrent le travail : tandis que l’un s’attaquait au sexe, l’autre écartant les fesses pointa la langue vers l’anus. Elle eut un petit sursaut, mais le non qu’elle émit ne fut que de pure forme. Je pus saisir l’instant où son visage exprima sa jouissance. À son tour elle s’agenouilla devant eux, redressés, les prenant alternativement en bouche, caressant les membres jusqu’à ce qu’ils giclent dans sa bouche sur son visage. Mais elle n’abandonna pas les queues et elle n’eut pas de peine à leur redonner vigueur. L’un d’eux, se coucha sur le sable et l’entraîna au dessus de lui, elle guida elle-même le vit vers sa chatte. L’autre réattaqua de la langue le petit trou, avant d’y glisser un doigt, puis deux. Je devinais les protestations. Mais le jeune homme dut être convaincant car visiblement elle s’offrait au deuxième assaut. Le visage se crispa, des larmes même embuèrent les yeux, puis elle cria un triomphal oui. Les deux garçons harmonisèrent leur va-et-vient qui se prolongea. Elle jouit bruyamment à deux reprises.
Quand les trois corps se séparèrent, je repartis vers ma base de départ. J’étais réinstallé quand le trio fut de retour. Toute émoustillée, Babeth dit à son amie qui s’était laissé conter fleurette qu’il fallait qu’elle lui raconte tout cela seule à seule. Les garçons prirent congé. Elles décidèrent de prendre une baby-sitter et de regrouper les enfants chez Babeth dont la villa était plus vaste. Une des monitrices du club accepta, les enfants se réjouirent.
Les filer ne posa pas grand problème. Je repérais donc la villa de la copine, au milieu d’un bois de pins. Je la contournais : des portes fenêtres donnaient sur les arbres.
Elles s’étaient pomponnées : petite robe pour l’une, chemisier quasi transparent et jupe courte pour l’autre, sandales à haut talons, elles me parurent presque plus désirables, excitantes en tout cas, que nues sur la plage. Mais, rigueur professionnelle oblige, je réprimais toute envie de mélanger les genres, même si la frustration que m’imposait une femme de plus en plus boudeuse commençait à me peser. Comme par miracle, elles obtinrent une table en bout de terrasse au restaurant du port, table éclairée par une bougie sous verre. Je pus glisser mon mini magnétophone – un petit bijou de miniaturisation – de l’extérieur, dans un recoin près de leur table. Le récit serait un commentaire parfait aux images. Je dus me contenter d’un sandwich dans le bistrot d’à côté. Quand je les vis demander l’addition, je récupérai mon minuscule appareil.
La boîte où elles allèrent avait une réputation d’enfer. Les entraîneuses étaient remplacées par des strip-teaseuses, mais l’ambiance aidant, il arrivait que des clientes se livrent, elles aussi, à un effeuillage, dans le spot lumineux qui délimitait le lieu des exhibitions. Et, dans la pénombre, beaucoup de slips tombaient sur le parquet de la piste de danse. J’y étais connu : le patron était un ami d’enfance. Je me glissais au bout du bar les ayant devancées. Sur mes instances, elles furent placées à une table au plus près du spectacle et qui leur permettait d’avoir aussi une vue assez large sur d’autres tables. Les couples de filles ou de femmes étaient nombreux, ils contribuaient d’ailleurs à la réputation sulfureuse de l’endroit. L’idée géniale avait été d’instaurer, à la place du fameux quart d’heure américain, le quart d’heure des femmes entre elles, occasion pour des hétérosexuelles de goûter le temps de quelques slows dans la pénombre aux prémices du culte de Lesbos. Et les sorties entre copines vinrent régulièrement se finir là.
Quand Lola, la première attraction, vint exhiber sa complète nudité dans une danse suggestive, à deux pas d’elles, je vis deux mains se joindre, leurs corps se rapprocher. La danse qu’elles pratiquèrent à leur tour, sur la piste s’en inspira fortement. Avant de regagner leur place, elles échangèrent un baiser rapide sur les lèvres. Une bouteille de champagne les attendait : elles protestèrent – elles n’avaient rien commandé encore – mais le garçon les rassura. Heureuse surprise : cadeau du patron ! En fait, c’est moi qui leur avais fait servir : ça grossirait la note de frais, en plus de mes gins tonics. De flûte en flûte, de spectacle en danse, elles devenaient de plus en plus euphoriques. Le fameux quart d’heure les vit se souder l’une à l’autre et elles vinrent dans le cercle de lumière pour échange un baiser passionné. Je savais qu’une caméra filmait la scène et, moyennant finance, l’ami Riton me ferait bien une copie de cassettes. J’avais su provoquer des encouragements de la minorité masculine qui contemplait le spectacle ce qui les poussa à aller plus loin. Revenues dans le cercle, l’une fit glisser les épaulettes de la robe de sa compagne, tandis que l’autre déboutonnait le chemisier. Petit à petit, les seins, le buste même de celle qui portait la robe furent dévoilés. Elles se réfugièrent encore dans la pénombre, sous les applaudissements. D’autres couples les imitèrent. Le quart d’heure se prolongeait. L’excitation était presque palpable. Quand l’audace des autres filles s’épuisa, elles reprirent l’initiative. Une main glissa sous la robe, l’autre sous la jupe ; puis un slip et un autre apparurent, entravant les genoux, puis les jambes, avant d’être lancés, d’un nerveux coup de pied hors de la piste. Et elles se troussèrent l’une l’autre, faisant admirer leurs fessiers bronzés. Je les contemplais sans aucun déplaisir depuis quelques jours et pourtant, là, ils devenaient mille fois plus excitants. La fin du long quart d’heure provoqua une invasion masculine sur la piste, mais elles réussirent à échapper aux admirateurs qui, négligeant leurs propres compagnes, les invitaient à danser. Plus qu’à demi-nues, elles quittèrent l’atmosphère enflammée de la boîte. Elles s’embrassèrent encore longuement en se caressant outrageusement sur le parking. Je pariais cependant qu’elles allaient regagner leurs pénates. Je précipitais même le repli vers la voiture, en allumant mes phares qui révélaient leur impudique étreinte. Filature inversée, je vis bien les phares s’inscrirent dans mon rétroviseur. Peu avant d’arriver, je fis le tour d’un pâté de maisons, pour me glisser, tous feux éteints, derrière elle et planquer ma voiture dans un chemin forestier à l’abri des regards.
Lorsque je revins vers leur demeure, elles sortaient juste de la voiture où elles avaient dû encore échanger baisers et caresses. Kathy qui avait la robe troussée au dessus des seins la fit passer par-dessus tête, Babeth, chemisier grand ouvert, ramassa sa jupe dégrafée tombée à ses pieds. Le temps de faire le tour et les portes fenêtres s’éclairèrent révélant les deux femmes nues, car le chemisier avait volé vers un canapé. Kathy ouvrit grand la salle de séjour sur la douceur de la nuit. Il me suffisait de rester dans l’ombre pour suivre le spectacle. Contemplation romantique de la nuit étoilée en se tenant par la taille, puis corps nus qui s’emboîtent, bouches qui se soudent ; les mains s’activent, les seins se frottent, les pubis aussi ; enfin, elles se replient vers l’intérieur pour s’abattre vers le canapé. Instinct ou expérience ? elles ne sont pas longues à se mettre tête bêche, se dévorant la chatte. Glissé sur la terrasse, mon petit et silencieux appareil photo me permit de ne pas perdre mes esprits et de retrouver des réflexes professionnels. Leurs corps secoués de spasmes m’invitèrent à prendre un peu de champ. De fait, Babeth, comme pour reprendre souffle vint s’étirer sur la terrasse. Son hôtesse réapparut dans la salle apportant de quoi se sustenter avec un rosé de Bandol. Mon sandwich était loin et j’aurais bien partagé leur en-cas. Je n’avais pas de flasque de whisky dans la poche revolver pour me redonner un coup de fouet. Et depuis un certain temps, j’étais tenté de croire, comme Henri IV, que ma queue était un os. Quelques verres de rosé et de nombreux baisers et caresses plus tard, Kathy entraîne son invitée vers la chambre qu’elle ouvre aussi sur la nuit tiède. La table de nuit recèle un arsenal de jouets érotiques : vibromasseurs et godemichés, boules de geishas, ceinture et surtout une sorte de double gode, longue tige souple déformable à volonté se terminant par deux imitations de glands. Je m’étais approché de l’embrasure. Babeth s’exclamait que c’était tout ce que son mari voulait lui offrir. Démonstration et essais se succédèrent. Elles rebondissaient de jouissance en jouissance. Jusqu’à ce qu’elles s’enfilent le « dong » - c’est ainsi que Kathy le nommait – qui réunit leurs deux sexes. Babeth, ayant attrapé un beau gode d’un noir d’ébène, le planta dans l’anus de sa compagne qui la chevauchait : avant-goût de ce qui l’attendait, prophétisa-t-elle.
J’avais plus que mon saoul d’images. Retour en quasi roue libre à la villa. Je venais juste de glisser le slip, pièce à conviction en quelque sorte, dans une pochette plastique transparente, dans mon labo photo au fond du garage quand mon épouse, dans une ravissante nuisette, mais écumante de rage me prit à partie. La ravissante petite chose transparente en dentelles fut extirpée de sa pochette avec force commentaires désobligeants sur le fétichisme, les prétendues enquêtes… Mes timides protestations furent noyées sous des insultes ponctuées de cris hystériques. J’étais dans une sorte de dédoublement : à la fois spectateur un peu dégagé et acteur ô combien engagé. Car, à mon tour, je lui déversais ma bile sur sa « frigidité », son injuste jalousie, son refus de tout dialogue et que je regrettais bien de ne pas avoir fait ce dont elle m’accusait…
Mais en même temps, j’avais l’impression de participer à une mauvaise pièce.
Impossible de m’endormir dans la chambre d’ami où je m’étais exilé. Vidé physiquement, secoué mentalement, l’esprit agité ! Un souvenir un peu lointain s’est soudain imposé. Celui d’une enquête, ou plutôt d’une contre enquête qui tranchait sur celles classiques – qui constituaient à l’époque l’essentiel de l’activité de mon agence – de maris ou de femmes trompés.
Le client conta que son épouse, avant d’envoyer une veste au nettoyage, avait vidé les poches. Distraction classique un billet : « Quand tu veux, où tu veux, Véro ». Il revenait d’un séminaire au siège de l’entreprise dont il était cadre supérieur. Au cours d’une réunion, sa collègue Véronique, qui dirigeait elle aussi un important service, avait pris le contre-pied de son intervention. Il lui avait glissé un mot pour lui proposer de s’expliquer sur ce qui lui paraissait un malentendu. C’est là qu’elle lui avait fait passer cette réponse. Mais, de fait, l’impression d’une sorte d’extra territorialité qu’amènent ces sortes de colloques dans des grands et luxueux hôtels, avait fait dériver la franche explication en un corps à corps torride. Passade sans lendemain avaient-ils pensé. Pris au dépourvu, il n’essaya même pas d’en rester à la version réelle du mot. Ses tentatives pour obtenir un pardon furent vaines. Au contraire, il découvrit une femme déchaînée qui vint faire scandale dans les bureaux de sa collègue où, attrapant un coupe papier elle menaça de lui crever un « œil de salope », puis dénonça les agissements de la collègue auprès de son époux légitime. Trop, c’était trop ! Surtout que non contente de demander un divorce aux torts de l’époux volage, elle voulait le priver de tout droit sur leurs deux enfants ! D’où ce recours désespéré à mes services. J’essayais de le convaincre qu’il serait mieux inspiré de se choisir le meilleur avocat de la place. Il persista. La filature de l’épouse ne révéla pas grand-chose, si ce n’est qu’elle se rendit au cabinet d’un médecin, mais au lieu de passer par l’entrée normale de la salle d’attente, elle passa par une porte derrière le petit bâtiment. Une ordonnance à récupérer sans être obligé d’avoir l’air de brûler le tour des patients. Sauf que le client sortit et qu’au bout de cinq minutes elle ne réapparaissait pas encore. Je me glissais derrière le cabinet médical et jetais un coup d’œil discret par une petite fenêtre. Edifiant : une petite pièce entourée de rayonnages où le toubib devait ranger les échantillons laissés par les visiteurs médicaux et pliée en deux se retenant à une petite table, troussée jusqu’à la taille et chemisier grand ouvert l’épouse de mon client se faisant joyeusement sodomiser par le médecin pantalon et caleçon de soie à ses pieds. Je crus être découvert quand, à travers le viseur du Minox, je vis l’amante se retourner, mais non c’était pour encourager son amant qui se cramponnait à ses hanches à aller plus fort, plus loin ! Rien ne me prouvait que l’épouse indignée ne se soit pas offerte à son médecin pour se venger de son infidèle mari. C’était cependant imprudent. Il me fallut menacer de tout laisser tomber pour obtenir de l’époux la clé de leur appartement. L’épouse prof étant en cours, je pus fouiller son bureau dans les règles de l’art. Il ne me fallut pas grand temps pour, après avoir forcé délicatement la modeste serrure d’un tiroir de bureau, découvrir dans une grande enveloppe trois autres enveloppes adressées à la dame à une adresse en Allemagne. Les lettres étaient particulièrement torrides. L’auteur exigeait, comme preuve d’amour, le sacrifice de son dernier pucelage. Mon équipement me permit de photographier les trois lettres. Le mari, interrogé, me confirma que sa femme avait accompagné un échange d’élèves en Allemagne pendant quinze jours. La nuit suivante, après avoir vérifié que le médecin n’était pas de garde, qu’il avait bien rejoint son domicile, je pénétrais le plus illégalement du monde dans son cabinet. La fouille ne fut guère plus difficile : cache classique, il avait fabriqué un double fond au tiroir central de son magnifique bureau. J’eus donc la réponse : capitulation sans condition ; elle se réjouissait d’avoir sauvegardé cette entrée secrète ; il serait donc le premier à l’emprunter ; et, en attendant, selon ses ordres, elle se caressait en pensant à lui… Contrairement à ses lettres dont on voyait qu’elles avaient été lues et relues, l’exigeant amant les avait rangé là sans plus y toucher. Je soustrayais donc la dernière lettre qui avait dû précéder de peu le sacrifice et fit disparaître toute trace de mon passage. Le lendemain, je retrouvais mon client : les photos le firent bondir « Ah, la salope ! elle qui n’a jamais voulu que je l’ » le mot lui resta dans la gorge, mais je le vis se décomposer à la lecture des lettres du médecin et de celle de sa femme. Il me régla plus que somptueusement. Il se suicidait le soir même.
Le lendemain je savais que j’allais mettre la touche finale à mon enquête et donc ensuite tenter de mettre fin à cette invivable situation (l’espoir était là, mais je sentais confusément qu’un fossé s’était creusé sans que je le soupçonne). Je n’allais pas à la plage faisant le pari que la crique serait bientôt peuplée. M’installant dans une grotte (gamins nous l’avions découverte cachée par des buissons) je mis en place une caméra ; mon magnétophone était déjà planqué sous un rocher au milieu de la mini plage ; il ne restait plus qu’à prendre des photos.
Comme prévu les trois garçons et les deux femmes débarquèrent joyeusement. Catherine qui découvrait le lieu était visiblement la proie désignée par sa compagne. « Prenez-là par tous les trous ! », intima-t-elle. Kathy feignit d’essayer d’échapper au sort qui lui était alloué. Babeth fut la plus vive pour la plaquer sur le sable. « Une bonne fessée la rendra plus docile », décréta-t-elle. Une mêlée confuse s’en suivit. La victime saisie par les trois mâles, se retrouva debout, buste à l’horizontale, bras emprisonnés par l’un d’eux qui lui mettait sa queue raide sous la bouche, jambes bien écartées, seins tripotés. Son amie l’encerclant d’un bras autour de la taille, lui fait rougir les fesses de grandes claques, avant de palper le fessier rougi et d’explorer l’anus et la chatte, puis, se plaçant derrière elle de lui faire une longue « feuille de rose ». Elle fit se disposer les garçons : l’un s’allongea et Kathy vint s’empaler le sexe sur son vit, le deuxième força l’œillet attendri par la langue, le dernier, à genoux, força, lui, la bouche.
Je crus être découvert quand Babeth se dirigea vers mon refuge. Mais elle se contenta d’arracher une branche légère à un arbuste dessous la grotte qu’elle effeuilla pour en faire une souple badine dont elle cingla les fesses du sodomite qui rua dans l’anus avec une énergie décuplée et, quand elles furent bien striées, celles du sucé qui ne tarda pas à se répandre dans la bouche qu’il étouffait presque. Quand les trois mâles la libérèrent, Kathy resta pantelante, étalée sur le dos.
Dès qu’ils eurent repris conscience les deux mâles aux fesses en feu se précipitèrent sur leur tortionnaire pour lui arracher son arme et tandis que l’un la forçait à se pencher – en fait, elle n’opposait qu’une feinte résistance et se cramponnait aux hanches du garçon, fessier bien offert au légitime châtiment – le second la fustigeait. Les stries rougeâtres s’entrelaçaient sur les deux hémisphères. Quand les garçons échangèrent leurs postes, elle ne tenta aucune rébellion, se laissa écarter largement les jambes et entrecoupa ses geignements, ses pleurs, de cris d’encouragement quand, sadiquement, son bourreau fouettait l’intérieur des cuisses ou cinglait l’anus et la chatte. Les soubresauts qui l’agitèrent témoignèrent qu’elle avait atteint le point où souffrance et âpre jouissance se rejoignent. Abandonnant sa badine, le fouetteur la prit en levrette et son ami plongea sa queue dans la bouche.
Je bandais à en avoir mal, l’œil rivé sur le viseur de mon appareil photo. Centré sur l’objet de mon enquête, j’avais cependant noté que le dernier garçon avait entraîné l’amie vers les flots. Leurs jeux avaient été troublés par les cris de Babeth. Et ils revinrent admirer un spectacle qui ne tarda pas à les inspirer. Penchée en avant, en appui sur un rocher, elle s’offrit elle aussi en levrette comme sa compagne, de telle façon qu’ils puissent voir le trio. Le garçon s’enfonça paresseusement dans la chatte. Les deux autres échangèrent à nouveau leur place, mais celui qui quittait la bouche, écartant les fesses, plongea d’un coup dans l’anus, tandis que l’autre étouffait le cri de douleur en enfonçant sa queue dans la bouche. Ce que voyant, le troisième changea de cible : Kathy poussa un cri strident – douleur et surprise – mais tendit ses fesses à un assaut devenu effréné. Les trois hommes ne tardèrent pas à se répandre et les deux femmes s’embrassèrent longuement.
Il fallait revenir : les enfants à aller chercher.
Quand la plage fut déserte, j’abandonnais short, slip et chemisette pour essayer de calmer l’insupportable tension dans la fraîcheur toute relative de l’eau.
Quand j’annonçais que je remontais dans la nuit vers l’agence pour développer et tirer les films, transférer les bandes magnétiques sur K7 et les chargeurs du caméscope sur des cassettes normales, j’eus droit à une nouvelle scène de jalousie tout aussi théâtrale que la précédente. Comme j’étais à deux doigts de lui flanquer une dérouillée et que je sentais que je risquais de perdre tout contrôle, je sautais dans la voiture, bouillant de rage.
Arrivé au petit matin, je filais directement à l’agence où je m’enfermais dans le labo photo. Après avoir développé la bonne dizaine de rouleaux, j’eus un sérieux coup de pompe et allait me reposer sur le canapé dans le coin « réception » de mon bureau. La sensation d’une présence me réveilla. Ma montre affichait neuf heures. Un coup d’œil rapide me fit découvrir mon associé replaçant un dossier dans une armoire en principe fermée à clé, clé se trouvant dans mon bureau, lui-même fermé à clé ! Sursaut, quand je l’interpelle. Il voulait créer une base informatique des dossiers de l’agence. S’il ne m’en avait pas parlé, c’est qu’il voulait m’en faire la surprise à moi l’informatophobe ! Je feignis de me contenter de l’explication. Je lui demandais d’appeler ma femme et de me la passer ensuite pour authentifier ma présence au bureau. Bref échange avec l’épouse revêche.
Mon client ne pouvait me recevoir que le lendemain après-midi. J’eus donc le temps de faire les montages sons et images, les tirages photos, le tout commenté ou légendé de façon très précise, de dormir dans l’appartement, de taper mon rapport, de faire une facture assez salée, de déjeuner tranquillement.
Le client m’attendait chez lui, dans un splendide et immense salon. Il mit la première K7 dans la chaîne, lance le magnétoscope et se mit à inspecter les photos. Les grossièretés qu’il proférait sur « sa salope de femme qui se faisait enculer », « cette gouine » restait sur un ton très vieille France ; les photos des fessées l’intéressèrent particulièrement et il demanda que je lui enclenche les cassettes sons et images correspondant : les cris d’encouragement de sa femme fouettée par la badine le réjouirent particulièrement : « Ah ! tu aimes ça ma garce ! ». Le plus diplomatiquement du monde, je réussis à lui faire comprendre que je ne pouvais rester à partager sa liesse. Il s’arracha donc à ses découvertes, m’emmena dans un bureau aussi grand que notre appartement, me signa sans sourciller un chèque correspondant à la facture et ajouta une liasse de billets. Comme je protestais, il précisa que c’était en dédommagement du temps de vacances sacrifié.
Le chèque déposé à la banque sur le compte de l’agence, j’allais acheter un collier de perles avec le pourboire reçu ! Cadeau de réconciliation !
J’arrivais à la villa au cœur de la nuit. Et là, alors que j’allais vers la baie vitrée pour contempler l’océan se reflétant sous la lune, je la découvris sur le canapé, yeux ouverts, juste vêtue de sa culotte petit bateau. Quand je m’approchais, elle me tendit les bras et je fus happé dans un tourbillon. Elle souda sa bouche à la mienne. Déboutonnant la chemise, défaisant la ceinture, elle me prit la main pour la poser sur un sein pointu… En un clin d’œil, je me suis retrouvé nu, arrachant enfin cette culotte qui me hantait pour découvrir les lèvres lisses d’un sexe épilé, couronné d’une petite crête de poils bruns, sexe adulte dans un corps de femme enfant.
Je le dévorais et, n’y tenant plus, je le pénétrais violemment ne sentant même pas les dents qui se plantaient dans mon cou. Quand je repris mes esprits, elle me saoula de mots d’amour et de baisers.
Ses tantes avaient dû s’absenter pour le décès d’une amie et n’avaient pas voulu la laisser seule dans la maison voisine.
Vite, elle reprit l’initiative, réveillant mon ardeur d’une bouche experte, avant d’offrir son sexe à ma bouche. Elle était juteuse comme un fruit mûr. Et elle but, jusqu’à la dernière goutte les giclées abondantes que j’envoyais dans sa bouche.
Lovée contre moi, elle se laissa aller à une douce somnolence. Qui ne dura guère. Ma queue, après une aussi longue abstinence, ne débandait pas. Elle me glissa au creux de l’oreille : « Prends-moi mon petit trou. » Je commençais par une feuille de rose, avant de faire jouer un doigt puis deux dans l’œillet délicat, mais qui s’ouvrait complaisamment. Elle se mit d’elle-même en position. Le gland força le sphincter puis la hampe coulissa jusqu’au bout. Elle m’encourageait de coups de cul. J’allais donc dans l’anus avec allégresse, tandis qu’elle se caressait le clito. Mais au moment même où je criblais son ventre de jets encore abondants, je dus étouffer ses cris de jouissance d’une main qu’elle mordit jusqu’au sang.
Tout cela, pour me déclarer au matin : « Fous le camp, pauv’ mec ! ». Et d’aller raconter le plus plausible des romans à une légitime plus indulgente du tout… à mon égard. Je l’avais violée, sodomisée, elle s’était défendue : la preuve les griffures de mon dos, les morsures de mon cou, la main saignante…
Divorce express ! Petit capital à ma « victime » pour acheter son silence ! L’épouse récupère, outre l’appartement, toutes mes parts de l’Agence dont je suis, par le fait, expulsé. Il ne me reste que la villa.
Des commandos spéciaux me restent quelques amis. L’un d’eux, responsable du service de protection d’un président africain me propose de l’assister en vue d’une succession. Une sorte de tuilage. Il ne me faut guère plus d’un mois pour comprendre ce qui pousse mon ami à me laisser un poste pourtant grassement rémunéré. Notre potentat est friand de blanches, en poudre et en chair et en os, qu’il faut donc lui procurer. Son épouse, pour ne pas être en reste, est toujours en manque de membres. Mais le mari, qui la trompe donc avec constance, n’admet pas la réciproque. L’équipe de gardes du corps, de la même tribu que le président, n’en est pas moins la proie de la nymphomane et nourrit des sentiments très mêlés à l’égard du blanc qui les dirige. En l’occurrence, moi, quand, quelques mois plus tard, je vois mon ami partir vers la mère patrie.
Toujours roi du gadget (et disposant de fonds), sous prétexte de les traquer, je truffais le palais présidentiel de micros et caméras ; j’explorais – non sans avoir neutralisé des systèmes d’alertes sophistiqués – le coffre-fort du président et eut ainsi un large aperçu sur ses propriétés et comptes bancaires.
Mais le danger pouvait venir aussi de chefs militaires putschistes. Je n’eus pas trop de peine à convaincre mon roitelet que son chef d’état-major risquait d’avoir la tentation de prendre sa place. L’accident de la route dont il fut prétendument victime fit comprendre à ses frères d’armes qu’il valait mieux profiter des prébendes que d’essayer de mettre la main sur le pactole.
Après deux ans, tout en restant vigilant, je pus enfin souffler. L’officier « traitant » de l’ambassade qui n’ignorait rien de mon CV, mais qui n’avait pas caché son mépris pour le mercenaire, devint plus aimable. Les responsables locaux de la compagnie pétrolière, friand de renseignements pouvant leur donner barre sur mon chef, devinrent plus qu’accueillant. La colonie française m’ouvrit ses portes. Et quelques femmes m’ouvrirent leurs draps, et le reste. Celle de l’attaché militaire notamment. Une brune piquante ! Son époux était plus porté sur les jeunes boys à leur service que sur ses charmes indéniables. Et le climat tropical exacerbait sa frustration. Elle avait bien, en symétrique, cherché quelques compensations auprès d’autres épouses désoeuvrées de membres de l’ambassade. Mais, quoiqu’elle en eût, elle ne se décidait pas à sauter le pas. Ce fut donc sa complice en jeux saphiques – la vive épouse du conseiller culturel dont j’étais l’amant – qui réussit à lui faire goûter, si j’ose ce mauvais jeu de mot, les fleurs du mâle. Elle me rejoignait souvent dans l’après-midi, après une sieste voluptueuse avec son amie : je ne me lassais pas de l’entendre conter ces ébats et rêvait à voix haute d’y assister. « Je vais satisfaire ton instinct voyeur, me dit-elle un jour. Mon mari doit partir pour une réunion dans la province Nord. Viens vers 14 heure : je donnerais congé aux boys pour l’après-midi, entre discrètement, nous serons à l’étage et la porte de la chambre sera entrouverte. » J’empruntais la moins voyante des voitures banalisées de notre parc d’automobiles, je me garais un peu avant, face à la résidence privée de l’ambassadeur de Belgique. Je me glissais dans la demeure par une petite porte donnant sur l’arrière. Un beau jardin, une porte fenêtre ouverte, deux tasses et une théière sur la table basse d’une immense salle de séjour, l’escalier, des soupirs, des voix étouffées me guident. Je découvre, dans la pénombre d’une chambre, Agathe, ma maîtresse et son amante nues se caressant toute en se faisant des aveux.
"Je ne te l’ai pas dit, mon amour, mais quelquefois, quand tu me quittes, encore toute chaude de nos étreintes, je vais rejoindre mon amant.
- - Comment, méchante, nos plaisirs ne te suffisent pas ?
- - Avoue-le, Agnès, toi aussi tu aimerais bien sentir une belle verge vibrer dans ta chatte, dans ta bouche, dans ton cul !"
Faut-il dire que la soirée se prolongea tard dans la nuit ? La dévouée Agathe fut à son tour honorée, bien sûr. Mais je réussis à les convaincre de se disposer l’une sur l’autre, culs tendus, offerts, et je passais d’un anus à l’autre, avant de gicler sur les deux fessiers.
Nos amours triangulaires se mirent en place. Le trio se reforma, les rares fois où l’un ou l’autre des époux était appelé à un déplacement. Agnès sut aussi trouver quelques prétextes, bien accueillis, pour m’offrir une nuit complète.
Peu avant mon départ, ce fut elle qui m’avoua son fantasme d’être prise par de beaux noirs bien membrés. Ce fut elle qui convainquit Agathe de se joindre à elle. L’occasion se présenta quand simultanément l’attaché militaire et le conseiller culturel furent convoqués à une réunion en métropole. Il fut convenu qu’elles porteraient un loup. Je les offris en pâture à mes hommes. Elles se laissèrent dénuder, tout en admirant les athlétiques noirs déjà nus. Délicatesse et vigueur, telles étaient les exigences. Elles ne furent pas déçues. Elles se laissèrent prendre simultanément par des trios. Le délire ne se termina qu’au petit matin. Je les ramenais, à peine enveloppée dans un voile, corps couvert de sperme séché, se demandant si leurs sexes et leurs anus allaient se refermer tant elles avaient l’impression de n’être plus que béances.
Elles n’eurent de cesse que de renouveler l’expérience. Je convainquis Agnès de s’assurer une protection, si le pot aux roses venait à être découvert, en photographiant les ébats pédophiles de son époux. J’oubliais de lui dire que j’avais, moi-même, filmé le délicieux jeu de groupes. Le mari d’Agathe étant à nouveau parti, Agnès inventa un prétexte quelconque pour se libérer. Ce fut l’équipe de garde la fois précédente qui eut, à son tour, droit à l’offrande. Encore plus libérées, les deux femmes se livrèrent à tous les assauts avec fougue.
Comme je remontais à pied, après avoir rendu ma voiture de location, je croisais les tantes liftées jusqu’à la moelle. Elles avaient perdu toute amabilité à mon égard. Elles prétendirent que la nièce était partie « avec quelqu’un, à l’étranger ». Le mensonge se lisait dans leurs yeux sournois.
Un bloc de haine douloureux dans la poitrine et un gin tonic à la main, je réponds au téléphone. L’ami Frédo, devenu flic, m’apprit une noyade aux Mouettes Blanches. Coup de chance un taxi passe au bas du chemin. Mais à l’arrivée, la grande gueule de chauffeur à chemise Hawaienne se fit peu aimable : pas un sou. Il se contenta d’un bristol partant en trombe quand Fredo vint au devant de moi. Angoisse, mais il ne s’agit pas de Dora. « C’est la septième depuis le début de la saison, repêchée, in extremis, camée jusqu’aux yeux. Les stups ont une piste : le Flashsurf, une boîte sur la corniche. » Je compris que si je pouvais l’aider à doubler ses collègues, mon ami saurait être reconnaissant…
Une douche froide avant la boîte. Du bruit dehors. Drapé dans une serviette, je vais à la porte fenêtre : le taxi à la chemise hawaïenne est là, narquois. Le payer ? Mais non, « Pas la peine. Ma poule a vu ton bristol de privé et ça l’intéresse… Elle a des ennuis avec les stups… Si tu l’aides, entrée libre au Flash, boissons et pépées à volonté, sinon… tu sais… les mineures, y’a pas prescription ! »
Après s’être curé une dent creuse d’un bout d’allumette, il lança : « Je suis le mec à Dora ! » Je n’avais que ma serviette pour étouffer le ricanement qui résonnait dans ma tête, comme une charge de buffles. Une corde, une poutre dans l’appentis et la raideur cadavérique en fera un suicidé fort acceptable pour Frédo, même s’il fallait que je trouve un lieu moins compromettant.
À minuit, je sirote un gin tonic au bar du Flashsurf. Dora apparaît, robe noire, épaules nues, maquillage outré. Je m’efface dans la pénombre. Elle est nerveuse, regarde sa montre, disparaît, réapparaît, scrute la salle – son regard m’effleure sans me voir. Quand elle sort, qu’elle découvre le taxi, elle n’a pas le temps de se poser de questions. Je la prends fermement par le bras et la pousse dedans pour démarrer en trombe.
Dire que dépendre son mec, le rependre dans son garage fut une partie de rigolade serait exagéré. Elle ne tenta même pas de m’échapper. Au contraire. Sa robe de soie arrachée, déchirée, m’offrit les liens pour l’écarteler, à plat ventre, sur son lit, en culotte petit bateau. Je l’arrachais aussi pour en faire un baîllon. Une fouille rapide me fit découvrir une cravache dans la table de nuit. Ainsi que tout le nécessaire pour une piquouze, sauf le produit.
Le « Fous l’camp, pauvr’mec » résonne encore et encore dans ma tête. Je vois dans ses yeux la terreur que je lui inspire. Les coups ont vite fait de lui strier son fessier musclé, et les cuisses et les jambes et le dos. Après l’avoir sodomisée à cru, je la retourne, pantelante pour l’écarteler à nouveau. Libérée de sa culotte, elle me supplie de la pardonner… Elle est en état de manque, tremblant de tous ses membres liés. Cris à nouveau étouffés par la culotte, je fais subir au recto (seins, ventre, sexe, jambes) le même sort qu’au verso. Elle est mûre pour me révéler où se trouve la came. Non pas ses réserves personnelles, mais le stock réservé aux consommateurs. La dose que je lui injecte ne lui laisse aucune chance. D’autant qu’après l’avoir baisée, je serre autour de son cou sa culotte petit bateau. Il me semble lire dans ses yeux comme une extase.
Frédo fut parfait, après que je l’avais appelé, pour lui dire d’aller faire un tour au Flash.
Il découvrit Dora, en X, poignets et chevilles liés aux quatre coins du lit, les pointes de seins ornées de pinces, des traces de coups sur le corps et surtout une culotte petit bateau déchiquetée autour du cou. Dans le garage, à côté de son taxi dont le capot avait dû lui servir de marche pied – un sacré boulot que ça avait été, avec l’aide forcée de Dora, pour le rependre là – lui se balançant au bout d’une corde.
Un jeu sado-masochiste qui avait mal tourné. Son mec, pour lui faire atteindre la jouissance extrême – ignorant sans doute qu’avec la dose d’héroïne qu’elle s’était injectée, elle était déjà dans les vaps - avait trop serré la culotte fétiche. Désespéré, il s’était pendu. En prime, un stock stupéfiant de produits variés.
Affaire classée.
Ou presque. Aveu arraché à Dora : le traquenard, l’œuvre de mon ex !
Maurice-Charles de Thélème
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