Un peu d’art photographique pour changer des graves sujets politiques qui nous agitent… ou pas.
Encore une découverte due au « Cabinet de curiosités » : František Drtikol photographe Tchèque. Né sous l’empire austro-hongrois à Pribram, en Bohême, en 1883, il va mourir dans la toute neuve République socialiste tchécoslovaque, à Prague, en 1961. Il voulait devenir peintre : il consacrera la fin de sa vie à la peinture.
Entre temps, un apprentissage chez un photographe local lui a permis de posséder les techniques fondamentales du développement, du tirage, de la retouche. Formation qu’il complétera dans une école photographique allemande.
A partir de 1910, il va accéder à la notoriété, à Prague, comme portraitiste. Il photographie T. G. Masaryk, futur Président tchècoslovaque, le peintre et écrivain Josef Capek, la vedette de l'opéra, Emmy Destinn , mais aussi des célébrités étrangères de passage à Prague comme Paul Valéry et Rabîndranâth Tagore. Il épousera en 1920 une danseuse. Et en 1924 s’intéressera au boudhisme.
Mais plus que ses portraits, ce sont ses nus qui contribuent à en faire un des grands photographes de son époque. Les spécialistes font référence au cubisme et au constructivisme. Mais, pour certaines images, ce sont Nosferatu le vampire ou M le Maudit qui viennent à l’esprit, ce cinéma expressionniste aux noirs profonds, aux ombres immenses.
Si « Le repos » par exemple est un nu assez classique avec un modèle dans une pose quasiment d’odalisque, la plupart de ses nus jouent avec la lumière et surtout les ombres. Les modèles évoluent souvent dans un décor très géométrique – qui peut évoquer Metropolis.
La danse va s’inviter avec son épouse, dans la même tonalité aux noirs profonds. Mais le plus surprenant est, au début pourtant de son travail sur le nu, son cycle de portraits de Salomé, femme fatale, femme cruelle, femme qui domine l'homme, plus que fascinée par la tête décapitée de Jean-Baptiste, puis par son crâne décharné. Quant à la femme crucifiée, elle anticipe INRI de Bettina Rheims.
Avant d’abandonner la photo en 1935, il cesse de photographier des modèles vivants, pour se consacrer à des formes stylisées aux limites de l’abstraction. Il se consacrera ensuite à la peinture et aux philosophies orientales.
"La lumière est à l'origine de la photographie, elle sait donner des centaines de formes à un seul objet et l'œil du photographe doit être susceptible de percevoir toutes ces nuances. Tout comme le sentiment, qui embellit et anime un visage humain, la lumière embellit et anime des choses. Une bande de lumière, qui entre dans mon atelier et grimpe sur le rideau, c'est un spectacle que je ne donnerais pour rien au monde" František Drtikol.
Voir l’album : http://deblog-notes.over-blog.com/album-1945518.html
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