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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 17:41

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Les élections professionnelles de l’éducation nationale qui se sont terminées hier (20 octobre) ont connu globalement une chute de participation de plus de 20 points. Signe d’une désaffection des enseignants pour leurs syndicats ou volonté délibérée de sabotage du ministère par la mise en place aberrante d’un inédit vote électronique ?


La participation tombe de 61,3% à 38,5% pour l’élection au Comité Technique national (CTM), le seul scrutin qui ne soit pas catégoriel. On peut certes analyser finement des évolutions d’un scrutin à l’autre, de 2008 à 2011. La FSU se tasse un peu (-1,88 %), les syndicats dits réformistes, l’Unsa surtout (+2,22) et le Sgen-CFDT (+1,36) progressent.

Mais dans les grands corps du second degré, certifiés et agrégés, le SNES (FSU) se maintient (et le SNALC qui a disparu des écrans pour le CTM progresse sensiblement chez les agrégés).  Chez les profs de gym, le Snep (FSU) fait le grand chelem… Mais on aura beau scruter ces résultats à la loupe, reste que la chute brutale de la participation sera lue comme une désaffection des syndicats.


Vote électronique : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

 

Les habituels pourfendeurs de risque de fichage ont bien sûr attaqué cette procédure de vote inédite. Or ce n’était pas la question de la sécurisation du vote qui se posait, mais sa complication quasi ubuesque !

Qu’on en juge.

Les personnels recevaient, via la direction de leur établissement, une notice de vote. Une case à gratter – comme pour les jeux de la Française du même nom – va leur donner un identifiant et leur rappeler leur Numen*.

Ils ont dû ensuite se connecter au site ministériel ad hoc pour obtenir leur mot de passe. Pour ce faire, chacun saisit donc son identifiant+son NUMEN+le 6e et le 7e caractère de son n° de sécu (eh oui, ça ne s’invente pas). Mais l’électeur n’obtient pas directement le fameux mot de passe. Il sera envoyé par courriel à l’adresse électronique de son choix.


Le vote a pu se faire du 13 au 20 octobre.

Ne parlons pas des personnels pour qui un ordinateur est un objet étrange, voire diabolique. Ceux-là, s’ils ne se sont pas fait assister, ont abandonné d’entrée. Mais des autres, qui devaient pour voter saisir à nouveau identifiant+NUMEN+mot de passe. Mais ça a eu bogué : certaines configurations d’ordinateurs ne fonctionnaient pas (il fallait notamment avoir « java », logiciel gratuit certes, mais qui n’encombre pas obligatoirement votre ordi). Dans le second degré, le personnel-citoyen décidé à voter coûte que coûte pouvait à force de persévérance trouver l’appareil que le site de vote accepterait, mais dans les écoles, surtout les petites…


Si l’on ajoute que des électeurs potentiels ont été oubliés ou n’ont pas reçu leur notice de vote, que les élections au lieu de durer trois semaines n’en ont duré qu’une, on peut arriver à se demander si cette complication, ces dysfonctionnements, ne seraient pas purement accidentels.

Où va se nicher la théorie du complot ? Imagine-t-on le gentil M. Chatel avoir des pensées aussi machiavéliques ?


Au-delà même de cette procédure, la passage au vote électronique a fait passer ce vote d’un rituel collectif assez classique à un acte individuel, ce que le sociologue A. Robert appelle une atomisation de l’acte électif.


Comme le note un communiqué commun du Sgen-CFDT et de l’UNSA la baisse de la participation (…) a des causes multiples. Notons le non engagement du ministre de l'Éducation nationale, la suspicion entretenue par certaines organisations syndicales sur la fiabilité du vote électronique, le caractère inédit du vote (…), les difficultés techniques.... 

Mais les deux organisations s’inquiètent aussi de cette désaffection, comme dit T. Cadart du sgen-CFDT. Et un responsable de l’UNSA ajoute : Il n'y a pas que des facteurs techniques, il y a aussi un rapport au syndicalisme, un désintérêt de la chose publique.


_110126-chatel.jpgIl est sûr que Chatel va se réjouir. Pour autant, il serait peut-être imprudent de tirer des conclusions définitives du style Le bastion syndical de l'éducation nationale est tombé. (Expresso 21/X/11). Car faire la part entre le sabotage et la désaffection demandera une analyse très subtile. Et ce qui saute aux yeux c’est avant tout le sabotage !

 

 

 

 

 


 
 

 


* Pour éviter justement les interconnections de fichiers électroniques, les personnels du Ministère de l’éducation nationale – MEN - ont droit à un NUMéro, diffèrent donc de l’identifiant national de l’INSEE, qui sert à la gestion de leur carrière ; donc, là, en plus, ils se voient attribuer un identifiant d’électeur.

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