Le touittage est propice à des échanges aussi peu amènes qu’insolites. Ainsi, me suis-je retrouvé à traiter de faquin un ex-recteur qui lui a fustigé ma vulgarité. Ce nonobstant, il s’est inscrit comme « suiveur » sur mon compte touitteur. Je n’ai pu que lui rendre la politesse. Pas déçu : un anti Najat Valaud-Belkacem obsessionnel qui, en plus, se la joue martyr.
Le nom de cet Alain Morvan, Recteur de Lyon naguère, me disait vaguement quelque chose. Coup d’œil à mes archives photos : je retrouve trace du personnage venant ouvrir un colloque d’Education & Devenir, ça ne s’invente pas, un 1er avril 2005 ! Son propos était intitulé LOLF et pédagogie ; la LOLF, pour loi organique relative aux lois de finances, avait pour but, si l’on en croit le Ministère de l’éducation nationale, d’instaurer une gestion plus démocratique et plus efficace des dépenses publiques. Il avait vu dans l’appellation même de notre association « une conception méliorative de l’éducation » : « faire devenir un individu en quelque chose d’autre, une personne, c’est-à-dire quelqu’un d’autonome, de responsable… ».
J’avoue que ses démêlés ultérieurs avec la Centrale, comme il disait, m’ont échappé. Donc le 21 mars 2007, il a été mis fin à ses fonctions de Recteur. Il s’est dit « kärcherisé » ! Si l’on en croit Luc cedelle – et comment ne pas croire Luc Cedelle ? – l’intransigeant de la laïcité, comme il est baptisé, après avoir combattu le négationnisme et l'extrême droite, qui gangrenaient l'université lyonnaise, et "les affairistes de Lyon-III"(plusieurs anciens dirigeants de l'université accusés de malversations) - "J'ai mené une opération "Mains propres"" - avait bloqué la création d’un établissement privé confessionnel. Non pas catho, mais musulman.
On a pu, avec Alain Savary, appeler de nos vœux un grand service public de l’éducation nationale, malheureusement saboté par des laïcistes style A. Laigniel, dit le "Joxe terrier", mais, avec la FSU de Lyon, constater que le dossier présenté pour ce Lycée-Collège musulman ne présentait "aucun élément" de nature à corroborer des soupçons d'extrémisme. Pas du tout une « école coranique », comme il ose encore l’affirmer, puisque sous contrat d’association, l’établissement est soumis aux programmes nationaux.
Résultat, il est viré. Le malheureux… retrouve sa chaire de professeur des universités.
"Je n'ai jamais croisé quelqu'un d'aussi paradoxal", disait de lui Philippe Meirieu. Pour Emmanuel Guichardaz, secrétaire de la FSU du Rhône, à l’époque, l'homme est "une personnalité complexe".
Est-ce une façon élégante de dire qu’il est un peu à la masse ?
A noter les termes "vulgaires" et quelque peu misogynes employés à l'encontre de Mme la Ministre de l'éducation nationale.
Toujours est-il que son côté butté s’est focalisé, est-ce un hasard ?, sur la Ministre de l’éducation nationale, Najat Valaud-Belkacem. Il applique le fameux précepte Contre tout ce qui est pour, pour tout ce qui est contre ! Il se retrouve dans des positions du SNALC ou du SNES et il pourfend UNSA et bien sûr Sgen-CFDT. Gageons qu’il doit regretter ses propos flatteurs pour Education & Devenir.
Il enfourche tous les poncifs de la rétropensée. Ainsi si le pourcentage d’admis au bac a augmenté cette année, c’est sur ordres de la Centrale, du Ministère. Et, il le tient de sources bien informées au sein même du ministère !
Il répercute les délires d’un autre #belkacemhater, un professeur Dubois, qui compare audacieusement taux de réussite au bac avec taux de réussite en licence, sans se poser la double question de la responsabilité de l’université, donc des universitaires, dans le taux d’échec et de la proportion d’étudiants qui ont un boulot pour pouvoir suivre leurs études*. Ni d’ailleurs le fait qu’un taux instantané ne veut rien dire : ce qui compte c’est la proportion d’étudiants qui, quel que soit le temps mis, et les éventuelles réorientations, obtiennent un diplôme universitaire. Huit jeunes Français sur dix qui s'inscrivent dans l'une de nos formations du supérieur en sortent avec un diplôme, indiquait dans un rapport le sénateur Demuynck en 2011 !
Mais l’honnêteté intellectuelle n’est pas la chose la plus partagée par ces universitaires.
* Ajoutons que les bacheliers d'aujourd'hui ne seront, pour une part, les licenciés de demain que dans 3 ans ou plus ... c'est dire l'honnêteté de ce Professeur Dubois et surtout d'Alain Morvan dont on peut espèrer qu'en tant que Recteur il a, au moins, appris à lire les chiffres... ?
NB Les Recteurs, contrairement aux Inspecteurs d'Académie, voire même les Préfets, n'appartiennent pas à un "corps" : nommés par décret du Président sur avis du conseil des ministres, ils peuvent être renvoyés à leur corps d'origine du jour au lendemain. Et aucun Recteur n'a vocation à l'être indéfiniment.
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